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Pour qu'une improvisation ait des chances de se dérouler correctement,

il faut deux conditions de base :

L 'envie de jouer et un dispositif de jeu.

Le processus créatif et l'attitude improvisatrice :

Comme dans n'importe quel jeu, il faut des règles, de l'énergie, un engagement total, et un arbitrage.

Il faut, comme en concert être intensément présent, dans un temps qui s'écoule d’une façon irréversible.

Tous les musiciens sont d’accord pour dire que le pire des musiciens, en situation de concert, n’est pas forcément celui qui se trompe, mais celui qui ne sait pas se rattraper.

L’improvisation, pour l’interprète est un entraînement à savoir se rattraper, à rester là, coûte que coûte, à savoir transformer et donner du sens à l’erreur. On ne peut pas, sur scène, s’arrêter et s’excuser de s’être trompé, il faut impérativement continuer.

L’erreur fait partie de l’apprentissage et l’improvisation est un apprivoisement de l’erreur.

 

L’improvisation est faite de trois étapes :

  1. Avant : la consigne de jeu, les règles, la direction…

  2. Pendant : l’improvisation, le jeu, proprement dit.

  3. L’après : l’évaluation, par tous, le partage des subjectivités. Bien sûr, la vie, la relation entre les joueurs et la musicalité dans l’improvisation sont plus importantes que la consigne de jeu, mais celle-ci permet une lisibilité du jeu, une référence partagée et partageable.

 

Confort et effort

La relation confort/effort est particulièrement délicate à réaliser : l’esprit humain navigue toujours entre deux écueils que sont l’enfermement et la dispersion.

Trop de confort amène à l’ennui et à la dispersion, trop d’effort peut être inhibiteur de l’action.

Il faut, pour que l’improvisation fonctionne, suivre cet équilibre délicat, cette fluidité du jeu. Apprendre à faire et laisser faire, suivre et conduire…

La musique a besoin à la fois d’élan et de précision, de répétition et de variation, mais la recherche prématurée de précision peut tuer l’élan.

L’improvisation, dans un premier temps, cherche à cultiver cet élan, cette vitalité, et petit à petit, à intégrer la précision dans cet élan vital.

L’improvisateur est en expectative de l’inattendu, de l’inconnu à l’intérieur du connu.


On pourrait schématiser très sommairement le processus créatif sous cette forme :

Une phase d’expansion des possibles

et une phase de réduction à une seule réalité à la fois :

 

 

Le compositeur cherche, essaie, rature, choisit….. et décide, détermine ou constate qu’il a fini, et enfin, livre sa partition…

 

Pour l’interprète, le texte est d’abord un « prétexte », un point de départ qui invite à décomposer ce qui a été composé ; à se rendre disponible pour incarner la pensée du compositeur ; à rentrer dans son rythme, son souffle, ses couleurs, dans une logique organique…L’improvisation est pour lui le moyen de laisser entrer en lui la partition tout en entraînant ses capacités à être sur scène. Comme interprète, il vit, lui aussi, ces deux phases d’expansion et de réduction : l’improvisation lui permet de vivre à la fois le processus créatif et son rôle d’interprète.


L'attitude improvisatrice peut se porter sur tous les aspects de la musique : rythme, intonations, timbres, circulation de l’énergie, dynamiques, créativité, etc…

Dans la pratique théâtrale, contrairement à l’enseignement musical, on a, la plupart du temps, quand on travaille une pièce, gardé cet entraînement à improviser sur ce qu’auraient pu dire les personnages, changer de rôles pour avoir un autre point de vue, etc.

 

L’improvisation introduit de la créativité dans l’apprentissage de la musique.

Expansion des possibles
Réduction à une seule réalité

Eric Trémolières

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